au jour le jour, vous dévoile son éphéméride

Sidoine

Deux Sidoine pour le prix d'un ! Qui l'eût cru ?

Tout d'abord, saint Sidoine Apollinaire (Caius Sollius Apollinaris Sidonius), homme politique gallo-romain, préfet de Rome au Ve siècle et évêque d'Auvergne, également connu pour son œuvre littéraire (Lettres et Panégyriques) que vous pouvez lire ici.

Et Sidoine, l'aveugle-né, dont parle Saint Jean (Source : Association de soutien à la tradition des Saints de Provence) :

« En sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance. Ses disciples l'interrogèrent: "Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ?" Jésus répondit: "Ni lui ni ses parents. Mais l'action de Dieu devait se manifester en lui." Il cracha sur le sol et avec de la salive il fit de la boue qu'il appliqua sur les yeux de l'aveugle, et il lui dit : "Va te laver à la piscine de Siloë." (Ce nom signifie envoyé). L'aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait… » (Extrait de Saint Jean 9,1-7)

« Cet homme, aveugle de naissance, c'était Sidoine. Il vivait en faisant la manche. Après sa guérison, il revit ses voisins : ils hésitèrent à le reconnaître. Il fut amené devant les Pharisiens qui se divisèrent à son sujet et interrogèrent ses parents :  "Comment se fait-il qu'il voie à présent ?" Ils ne répondront pas. Que leur fils se débrouille et s'explique. Eux, ils ont peur. Alors Sidoine s'expliqua devant les Pharisiens et, nous dit l'Evangile, "ils le jetèrent dehors".
Jésus apprit qu'ils l'avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : "Crois-tu au Fils de l'Homme ?" Il répondit : "Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ?" Jésus lui dit: "Tu le vois, c'est lui qui te parle." Il dit : "Je crois, Seigneur", et il se prosterna devant lui. » (Extrait de Saint Jean 9,34-38)

Peut-on imaginer Sidoine mendiant à nouveau après ce miracle ? Non. Il rejoignit les disciples du Christ et, le moment venu d'aller annoncer l'Evangile "au bout de la terre", il embarqua avec Lazare, Marthe, Marie-Madeleine et leurs amis sur le bateau qui les emmena en Provence. 
A la mort de Maximin, il devint évêque d'Aix. Auparavant, il avait été évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux sous le nom de Restitut
Il a sa sépulture dans la crypte de Saint-Maximin. C'est dans son sarcophage qu'avaient été cachées les reliques de Marie Madeleine pour les soustraire éventuellement aux Sarrasins.   
Plusieurs églises du Midi lui ont été consacrées, dont celle de Vauvenargues dans les Bouches-du-Rhône et celle du Val dans le Var.

Commentaires sur: "Sidoine" (8)

  1. Le fils Goriot a dit:

    Cet éphéméride constitue pour moi un enchantement quotidien..Merci belle inconnue.
    Mais en vieux gavroche mal embouché, je rêve toujours de ce pouvoir divin.
    Je vois un SDF. Je m’approche, lui pose une pogne sur le front et dis: lève toi et marche, je te fais Ouvrier Qualifié plâtrier peintre.
    Va chercher un noble travail.
    Aussi sec, j’ai son poing dans la gueule…
    -( c’est juste un sourire. Qu’opposer à la désespérance ?)
    Bonne journée…

  2. Qu’opposer à la désespérnce ? L’humour !
    Ou alors garder à l’esprit que
    « les chants désespérés sont les chants les plus beaux
    et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots. »

  3. En relisant Sidoine Apollinaire, je me suis remémoré l’histoire de Voltaire et Piron que je vais vous narrer par le menu:
    Lors d’une entrevue, Voltaire et Piron se mirent au défi de faire en latin la phrase la plus courte possible. Voltaire qui n’était pas pressé de chercher, attendit que Piron lui écrivit. Celui ci lui écrivit la phrase latine la plus courte qu’il eut trouvé : « eo rus » [Je vais à la campagne.] . Mais Voltaire trouva encore plus court grâce à Piron : « i » [Vas-y!].

  4. Le fils Goriot a dit:

    Cher maître – le Nain m’est aussi inconfortable que Cruella et d’autres -, comment diable maitrisez-vous à ce point le Savoir pour le rendre voluptueux…
    Merci de diffuser cet absolu plaisir.
    Quant à la mystérieuse Caritate, ou elle se dénonce, ou je tue le chien, le premier qui se présente. Elle devra s’expliquer.
    La lumière de vos éruditions, parce qu’elles sont différentes, mais j’aime le mot, est un cadeau sans prix.
    Or, qui se ressemble s’assemble, me disait-on dans mon jeune temps.
    Ne me laissez pas mourir idiot et oubliez les écrivains russes.
    Prego

  5. LE NAIN, je suis chaque jour un peu plus époustouflée par votre culture qui semble n’avoir aucune limite. Me voilà condamnée à continuer cette éphérémide inlassablement, pour avoir l’opportunité d’apprendre chaque jour davantage grâce à vous.
    GORIOT FILS, de grâce, ne tuez pas le chien, il est innocent !

  6. J’ai beaucoup mieux que les écrivains russes que semble apprécier le fils du père Goriot. C’est le roman de Ponthus et Sidoine. Ce roman anonyme (fin XIV et début XV)aurait été très populaire à son époque. Il retrace les amours contrariés de Ponthus, fils du roi de Galice, et de Sidoine, fille du roi de Bretagne.
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    Il y avait, un jour, un roi de Bretagne qui tenait sa cour à Vannes et dont la fille, nommée Sidoine, était la plus belle du monde. Pour mériter par ses exploits la main de cette noble princesse, un brillant chevalier de l’entourage du roi, le vaillant Ponthus, se rendit secrètement dans la forêt de Bertelien. Il prit asile dans un petit ermitage « qui était tout solitaire, au plus profond de la forêt ». Chaque jour, il entendait la messe, jeûnait trois jours par semaine. Pour costume, il portait la haire, afin de se préparer par la pénitence aux hauts faits d’armes qu’il rêvait.
    Un jour, il fit venir un nain, l’habilla très bien et l’envoya par toute la France publier cette lettre : « Le chevalier noir aux armes blanches fait savoir aux vaillants chevaliers de chaque contrée qu’ils le trouveront à la Fontaine des Merveilles ou des Adventures (la fontaine de Barenton), en la forêt de Berthelien, en un pavillon noir aux armes blanches, tous les mardis de l’année, à l’heure de prime, et ils y trouveront son écu pendant à un arbre, et il y aura un cor qu’un nain sonnera, et sitôt qu’il aura sonné, paraîtra une damoiselle ancienne, à un cercle d’or, accompagnée d’un ermite, laquelle leur dira ce qu’ils doivent faire et les mènera au pré où le Chevalier Noir sera armé de toutes armes, lequel joutera de trois coups de lance à fer émoussé, et après la joûte il combattra à l’épée, tranchant sans pointe, jusqu’à outrance, et celui qu’il vaincra demandera en bonne foi à tous les chevaliers qu’elle est la plus belle princesse du royaume de la Petite Bretagne, et il se rendra à elle prisonnier de par le Chevalier Noir aux armes blanches. Et est à savoir que tous les chevaliers qui auront joûté avec ce dernier, se rendront à la Pentecôte, dans un an, en cette forêt, à une fête qui s’y fera, et celui qui aura le mieux joûté aura la lance et le gonfanon et un cercle d’or à marguerites ; et celui qui aura plus dur frappé de son épée aura l’épée à franges dorées et la couronne d’or ; et, s’il advient que quelqu’un vainc le chevalier Noir, il le pourra envoyer prisonnier à telle dame qu’il lui plaira ».
    Le nain parti, Ponthus fit promettre à tous ses gens le secret le plus absolu sur sa personne et sa position et fit venir de Rennes, alors la Ville Rouge, une vieille damoiselle de sa connaissance. Puis il se déguisa en ermite avec un grand manteau et une barbe blanche.
    Le mardi suivant accoururent à la fontaine des Merveilles bon nombre de chevaliers. Alors du grand pavillon sortit un nain moult laid et moult camus qui se mit à sonner du cor. La vieille damoiselle parut ; elle fit crier que tous ceux qui voulaient joûter devaient pendre leurs écus aux arbres voisins.
    Le nain parla de la sorte : Madamoiselle vous fait savoir qu’elle choisira entre tous ces écus, quatre auxquels elle tirera une flèche empennée d’or, et celui qu’elle fera premier s’armera pour le 1er mardi, et le suivant s’armera pour sept jours plus tard, et le troisième pour le tiers mardi, et ainsi chaque mois jusqu’au bout de l’an jusqu’à ce que le chevalier Noir ait été vaincu par les armes.
    La demoiselle tira ses quatre flèches et frappa les quatre écus de Bernard de la Roche, tenu pour le meilleur chevalier de Bretagne, de Geoffroy de Lusignan, le meilleur du Poitou, Landry de la Tour, le meilleur des Angevins et le comte de Mortain le meilleur des Normands.
    Le faux ermite rentra ensuite dans la tente et se dépouilla de son froc. Puis il sortit l’épée au poing et l’écu au col, monté sur un grand cheval. Grand et fier, le chevalier « moult fut regardé et remiré, moult se émerveillaient quel il était », mais personne ne pensait que ce fût Ponthus qu’on croyait à la guerre en Hongrie.
    Bientôt parut Bernard de la Roche « moult richement armé à grand foison de trompettes et de ménestriers, tant que tout en retentissait. Le Chevalier Noir prit une coupe d’or et puisa en la fontaine et en arrosa la pierre, et aussitôt il commença à tonner et à grêler et à faire fort temps, et s’émerveillèrent moult les étrangers de la merveille, de cette fontaine ».
    Ponthus remonta ensuite à cheval, et le combat commença. Bernard de la Roche fut vaincu. Lors lui dit Ponthus : « Chevalier, je vous laisse aller en la prison de la plus belle de ce royaume et me la saluer de part le chevalier Noir ». L’accord tomba sur le nom de Sidoine. Le seigneur de la Roche-Bernard partit donc pour Vannes et s’y rendit prisonnier de la plus belle princesse bretonne.
    Le second mardi, le sire de Lusignan, bien qu’« à merveille bon chevalier », fut également vaincu par Ponthus et gagna à son tour la ville de Vannes. Ainsi des autres.
    Ainsi furent défaits à Brocéliande cinquante-deux chevaliers des plus adroits et des plus renommés. Citons : les ducs d’Autriche, de Lorraine, de Bar, le comte de Dampmartin, Henri de Montmorency, Robert de Roussillon, le duc de Savoie, le comte de Montbélial, le comte de Montfort, messire Guillaume des Barres, Hernoult de Hainault et beaucoup d’autres non moins illustres.
    Aux fêtes de la Pentecôte, Ponthus fit savoir au roi de Bretagne, qu’il n’était point en Hongrie, mais à Brocéliande, près de la fontaine des merveilles, et l’invita à venir dîner avec son aimable fille, Monseigneur l’Evêque de Vannes et ses plus grands seigneurs et dames.
    Après que l’Evêque de Vannes eut chanté messe sous un riche pavillon, l’illustre compagnie se rendit en une vaste salle où le Roi et Sidoine firent de beaux présents. Ponthus, à son tour, partagea les plus belles curiosités qu’il avait apportées de l’Orient entre les 52 meilleurs prisonniers de Sidoine. Pour lui, il obtint ce qu’il désirait le plus au monde : la main de Sidoine. Il y eut, à Vannes, une noce telle qu’il n’y en aura jamais de pareille.
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    A remarquer l’intervention du nain…..

  7. J’adore les histoires de nains. Rares sont celles où le gnôme est sympa, car c’est généralement une créature un peu inquiétante, qui vit dans le monde souterrain, près des puissances chtoniennes, forgeant des armes invincibles ou des anneaux magiques, gardiens de trésors précieux comme Alberich gardant l’or du Rhin.
    Les nains, jusqu’au XVIIème siècle étaient forts prisés des grands, et les paysans qui avaient pour enfant un nain ne se faisaienr généralement pas de soucis pour leur avenir, si le gamin n’était pas trop contrefait.
    Souvent fous des puissants, ils sont les seuls à pouvoir leur dire les vérités que les courtisans taisent.
    Il y a un bon bouquin sur le sujet: Le sceptre et la marotte de Maurice Lever.
    Pour le reste, on fait plus de livres avec ce que j’ignore qu’avec ce que je sais. Mais il y a plus de trente ans que j’ai banni la télévision, et plus de quarante que je lis ou relis des ouvrages.
    C’est peut être ça qui me donne un vernis…..

  8. « Me voilà condamnée à continuer cette éphérémide inlassablement… »
    J’aime entrouvrir la porte de ce salon, discrètement, pour ne pas déranger la réflexion en cours. Je lis, j’écoute, j’apprends pleins de choses, je ris beaucoup et puis je referme la porte doucement.
    Cette « condamnation » me réjouit d’autant plus que les nains jouissent d’une grande longévité.

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